« Le travail est ce par quoi je me confronte au monde, à la résistance du réel, et me transforme. C’est cette part de soi-même que l’on engage, cette intelligence que l’on ajoute aux prescriptions et aux contraintes pour que ‘ça marche’ ». Ces mots de Christophe Dejours permettent de mettre en perspective le voyage périlleux entrepris par la valorisation du travail, confrontée à la transformation digitale des entreprises et aux nouveaux usages du collaborateur 2.0 : mobilité, connectivité et agilité.

Mais vers où va la valeur travail ? Certes, la littérature sur le sujet est abondante. De l’inconvénient du digital labor, théorisé par Antonio Casilli, à l’émergence d’une IA business oriented, on observe une perte de repère profonde des travailleurs, illustrée par l’émergence de nouvelles notions comme le bore-out, l’ennui au travail, ou encore le brown-out, la perte de sens du travail.

Et si les dispositifs d’ambassadeurs internes ou d’employee advocacy permettaient de redonner du sens au travail, de renouer avec une nouvelle forme d’engagement pour, in fine, participer au bien-être des collaborateurs ?

 

Ne vous en faites pas, le Chief Happiness Officer s’occupe de tout. Vraiment ?

« Les individus amorcent une réécriture des codes de la réussite sociale et de l’épanouissement au travail […]. Il y a un désenchantement de l’imaginaire du cadre supérieur conquérant des années 90 ». Ce diagnostic de Jean-Laurent Cassely, journaliste chez Slate, décrit un premier chantier pour assurer la réappropriation morale de la valeur travail : le réenchantement de l’entreprise.  

Comment s’atteler à une telle tâche ? Mettre en place une politique de suivi des nouveaux collaborateurs ou d’Onboarding permet d’aligner rapidement les planètes de l’épanouissement professionnel en fixant des repères comme définir les méthodes de travail propres à l’entreprise, raconter l’histoire de l’entreprise et de ses dirigeants ou plus prosaïquement faciliter la rencontre « IRL » des collaborateurs (la poignée de main virtuelle via nos services de messageries prenant rapidement le dessus) etc..

Deuxième chantier de cette entreprise, la gestion des talents. Il ne s’agit pas d’en faire des « Ulysses corporate » mais de participer activement à leur épanouissement personnel en identifiant les sources de leur engagement, chacun répondant à des critères bien différents. Pour certains, il s’agira d’être plus à l’écoute en multipliant les entretiens individuels formels et informels. Pour d’autres, il sera question de rémunération ou de plus grandes responsabilités.

Le projet de réenchantement de l’entreprise et, par extension, de toute la mythologie corporate, avec le manager, le dirigeant, le stagiaire, est extrêmement complexe. Elle va bien au-delà du rôle du Chief Happiness Officer. À l’heure de la transformation numérique des entreprises, et de la perte de repères qui en découle, il existe une passerelle entre ces deux chantiers : l’employee advocacy.

Le programme d’employé ambassadeur un révélateur de sens (du travail) ?

L’employee advocacy (lire cette excellente définition) est la courroie de transmission entre la politique stratégique de l’entreprise et son déploiement opérationnel. Dit autrement, elle permet de donner du sens aux actions de l’entreprise, de les faire rayonner, autant en interne qu’en externe, auprès de ses clients et partenaires. Les fameux « collaborateurs premiers porte-paroles » deviennent ainsi des influenceurs « maison » capables d’assister à un petit déjeuner de journalistes et, en « même temps », comme dirait un certain Président Emmanuel Macron, de promouvoir les contenus de l’entreprise sur les réseaux sociaux.

 

Activer l’employee advocacy, c’est permettre à vos collaborateurs de se « confronter au monde », de s’expérimenter quotidiennement et, ainsi, de se réapproprier leur rôle à l’intérieur de l’entreprise. Les externalités positives que sont l’engagement sur les réseaux – indicateurs des succès digitaux que tout DRH souhaite intégrer dans son reporting – sont secondaires si elles participent à cette quête de sens plus profonde. Une fois pris dans ce cercle vertueux, l’engagement au travail devient source de bien-être. Et vous le savez mieux que moi, les employés heureux au travail sont plus performants ! Vous savez désormais ce qu’il vous reste à faire